Insomnie.
Tel était le premier mot qui me venait à l'esprit. Alors qu'il faisait jour, alors que le sommeil s'était écrasé sur ma réalité, j'attendais, éveillée. Maé dormait d'un sommeil de plomb. Même si j'étais toujours réveillée avant elle, je ne pouvais cette fois attendre toute la journée qu'elle sorte des bras de Morphée. Morphée qui quand à lui me refusait ses bras pourtant si tentant. Insomnie, saleté d'insomnie. Voilà bien plusieurs jours qu'elle joue avec moi et chaque jour me réveille encore plus tôt. Je suis incapable de lui resister, elle me tire des quelques heures de repos que je m'octrois. Elle balaye ma vigueur, melaissant toujours plus lasse et épuisée. Je commence à avoir les trais tirés.
C'est ce que je constate encore une fois en me regardant dans le miroir après mettre levé avec une résignation sans espoir. Je ne dors plus.
Chaque nuit je fais semblant de pété la forme, je puise de la force dans des réserves que je n'ai plus. Je ferme les yeux en cours, les paroles n'ont même pas d'effets somnifères sur moi. Je vogue plutôt sur un immense vide intérieur, je n'arrive même pas à m'endormir en cours... C'est épuisant et irritant. Pour moi et pour les autres. La moindre contrariété me fait entrer dans une colère noire. Je n'y reconnais même pas. Le manque de sommeil me vide. Les tisanes et les somnifères ne m'aident pas, ceux-ci au même titre que l'alcool n'ont aucun effets sur les novices. Et peu à peu je sombre...
Je soupire, j'enfile un jogging noir, un débardeur de la même couleur et je me faufile dans les couloirs. Depuis que mes insomnies ont commencé, je rôde dans les couloirs, dans la forêt, je squate la bibliothèque, la salle de dessin. Je vais prier Nyx. Je m'occupe comme je peux. Aujourd'hui mes pas m'entraîne au deuxième étage du batiment B, je m'y attarde car de la musique s'échappe dans la salle de danse. J'écoute rarement David Guetta mais je reconnais Titanium rapidement. J'apprécie cette chanson et le clip est aussi. Je me faufile par la porte entrebaillée. A ma grande surprise, ce n'est pas une novice que je surprends, mais la nouvelle prof'. Maîtrise du don et de la soif. Elle danse un mélange de style. La femme est tellement absorbée par la danse que je reste là. Elle semble vivre la danse et j'en suis contente même à travers ma fatigue, c'est tellement rare.
Elle s'arrête avant la chanse de la musique. Elle semble bouleversée, je vois nettement des larmes rouler sur ses marques. J'hésite à la laisser avec sa tristesse avant de me dire que ce serait mal de partir comme une voleuse.
Une chanson commence est j'entre en scène, en pardon j'offre une danse.
J'ai jamais eut les pieds sur terre, j'voudrais bien être un oiseau.
Je me fais légère, je m'étire pour tenter d'attraper le ciel avant de m'effondrer.
J'suis mal dans ma peau. Je roule, caresse le sol. Cette musique est parfaite pour danser les émotions contradictoires qui me bouscule. Comme plusieurs battement coeur je me relève.
Qui m'attire qui m'attire... Je tourne, doucement rapidement, les yeux rivés au sol. Etirement, je veux voler avant de dormir, m'alonger. La musique est courte mais elle est suffisante. Elle me soulage. Danser me soulage, j'oublie l'insomnie et moi aussi je pleure avant de m'étendre sur le dos, comme une étoile.
La Musique était une onde qui me portait, toujours plus haut...
Le Cd s'est arrété et le nouveau professeur se penche au dessus de moi. Elle a de grand yeux bleu que ses spirales font ressortir.Tellement mon opposée, moi les yeux marrons pourpres et les spirales noirs.
J'ai peur de parler, va-t-elle me rabrouer ?!