Le retours d'une blonde.

Grace était dans la cours, regardant autour d'elle, d'un air froid et hautain comme à son habitude. Elle était plus mure, plus sage, en sommes, elle était transformée. Grace avait souffert. Enormément mais elle avait surmonté ça pour finallement revenir ici, où un poste de pionne lui avait été accordé. Elle avait sourit cruellement à l'annonce de sa réussite. Elle allait revenir dans son école favorite pour traumatiser les pauvres gens, qui ne pourront strictement rien dire car désormais, elle était une des autoritées de la maison de la nuit. Réajustant ses caches oreilles roses pâles, elle fit virevolter ses cheveux, marchant dans la cours en se faisant remarquer avec nombreux reniflement dédaigneux. Queen G était de retours, et autant que tout le monde soient au courant. Les petits gueus la regardait avec de grands yeux, sachant que son retours signifiait la fin de la tranquilité et quand à ses "amies", elles avaient aussi une mine dépitée car elle n'était plus la reine. Grace posa les deux mains sur ses hanches, s'arrêtant de manière théatrale devant le banc où "tronait" ses anciennes collaboratrices de mesquinneries.

-Alors les filles? Je vous ai manqué. Stacey, je crois que tu n'as pas le droit d'avoir une juppe aussi courte dans l'enceinte de la maison de la nuit. Je serais obligée de te mettre une heure de colle, j'en suis désolée.

Elle plissa les yeux en souriant de toutes ses dents, puis sortit un mirroir et se recoiffa. Enfin, elle retrouvait son royaume, et les gens avaient décidément bien changé, il fallait qu'elle leur rappelle qui dirigait ici.

Pour une fois depuis très longtemps j'avais froid, j'étais seule. Maé avait cours, Naomi, et bien, je ne savais pas ce qu'elle faisait ni où elle était et Pierre, Pierre n'en parlons pas, c'était devenu électrique entre nous. J'étais donc seule, seule dans cette cour ou une disaines d'élèves, et pour unique compagnie une petite boule de poil blanche. Sugar dormait parésseusement sur mes genous, sans broncher.

Et moi, moi je fixais la statue de Nyx, m'adressant silencieusement à la déesse. Ce n'était peut être pas le bonne endroit pour s'adresser à la Déesse de la Nuit mais je n'avais aucune envie de me rendre au temple et de croiser une quelconque personne. Je lui demandais qu'elle était la raison de toute ses épreuves, pourquoi nous devions payer de vie et de nos larmes des choses que l'ont ne comprenait pas...

Je soupirais, je ne voulais rien faire et je voulais agir, je voulais lire et je voulais paresser pendant des années, je voulais hurler un bon coup et je me promettais de ne plus jamais ouvrir la bouche. Bref, je doutais de tout et de rien. La mort simultanée de Roxanne et Nayel avait boulversé ma petite vie quotidienne à la maison de la nuit. Elles avaient balayaient mes certitudes et détruit le cocon protecteur dans lequel je vivais. Tout était parti en éclat du jour au lendemain...
Et pourtant, je gardais la tête haute, probablement plus pour mon image que pour autre chose. Beaucoup pensait que la Dirigente des Filles de la Nuit était une fille forte dans presque tout les sens du terme... pas vraiment en réalité. Un de mes défauts était surement celui d'être trop sensible. Je gardais la tête haute pour ne pas flancher, faire comme si malgré ses deux morts, rien ne pouvait m'atteindre. C'était faux bien sur, une part de moi était morte avec Nayel et Roxanne... Je gardais la tête haute pour Maé pour lui montrer qu'il fallait continuer à vivre, à avancer même si je me voilais moi-même la face. Etais-je prête à avancer ?

J'entendis une voix reconnaissable parmi tant d'autre, la voix de Grace, je tournais lentement ma tête vers elle. Elle était rayonnante, apparement le poste de pionne la rendait encore plus heureuse. Hautaine, elle l'était toujours et j'aurais sourri si je n'avais pas était dans un état d'abbatement complet... Je me détournais pour contempler longuement Sugar, inscouciant.
C'est alors que j'entendis quelqu'un s'approcher de moi...

Running to stand still, U2
Courir pour rester sur place.
Cette phrase n'avait jamais été aussi vraie que ces temps-ci...
J'avais ce vide en moi, que j'essayais en vain de combler par tous les moyens... Je bossais deux fois plus que d'habitude, mes écouteurs ne quittaient mes oreilles que pour les cours, je chouchoutais Miel qui allait mettre bas dans quelques jours, je m'investissais de plus en plus dans la vie de l'école... Rien à faire.
Même si l'arrivée prochaine des chatons de Sugar et Miel m'avait légèrement remise d'aplomb, ma vie restait toujours aussi superficielle...
Il faisait froid, les gens étaient immatériels, le monde était immatériel, la nuit était immatérielle, j'étais immatérielle. Une ombre parmi tant d'autres. Les jours s'enchainaient, se ressemblaient,... Même les évènements inhabituels devenaient totalement banals.
Soupir. Je n'avais même pas envie que ça change. J'aurais voulu rester ombre/fantôme jusqu'à la fin, que les jours s'égrainent et filent sans qu'on s'en rende compte, pour finalement devenir de plus en plus transparente, jusqu'à disparaitre.
C'était impossible. Tout d'abord parce que je refusais cet état végétatif, et surtout parce qu'on avait besoin les uns des autres, surtout en ce moment. Il fallait juste que quelqu'un fasse le premier pas... D'abord reprendre le dessus sur nous-même, surmonter l'insurmontable, et ensuite réfléchir à une solution. Ou une alternative...
Prise dans mes pensées, je n'avais pas vue la silhouette assise sur le banc, que j'allais percuter. J'allais m'excuser, quand je reconnut... Lyna. Lyna?! Était-ce vraiment elle?! Une mine décomposée et blême, totalement abattue, les yeux cernés et baissés sur son petit chat dormant sur ses fêles genoux. Où était passée la Lyna forte combattante? Surement profitais-t-elle de ces quelques instants pour lâcher prise... Elle avait alors l'air si fragile... Je n'avais même pas remarqué ce changement d'attitude ces derniers temps. Il faut dire qu'à part nos entrevues à propos de nos chats, nous n'avions guère beaucoup parlé. Je pris une inspiration. Tant que Nayel n'était pas là, Lyna, même en temps que grande prêtresse en formation, aurait besoin peut-être de réconfort. Je m'avançais, posais ma main sur son épaule et dis d'une voix blanche:

-Tout va bien, Lyna?

Je n'entendis pas sa réponse, pour peu qu'elle m’aie répondu. Je continuais donc en regardant plus loin une silhouette que je commençais à reconnaitre...

-Dis, ce ne serait pas Grace, là-bas? On m'a dit qu'elle avait obtenu un poste de surveillante ici, après sa transformation... Elle parait y prendre goût!

J'espérais par cette piètre tentative de changement de sujet, non seulement avoir des nouvelle de Grace (que je considérais plus que cette dernière ne l'imaginais), mais avant tout et surtout attirer l'attention de Lyna sur autre chose que les pensées (surement noires) qui lui traversaient la tête en ce moment...

Naomi. C'était Naomi qui s'approchait de moi, l'air génée et en même temps compatissante. Je ne pris pas la peine de sourire. A quoi bon jouer la fille forte devant elle ? N'était-elle pas mon amie ? Bien sur. Alors elle pouvait comprendre. Elle avait le droit de me voir abattu, terrassée. Après tout, je n'étais pas infaïble, j'étais comme les autres: une simple novice que même la Mort pouvait reprendre, que même les coups du sort pouvaient blesser, que même le Temps pouvait altérer...

Je respirais un grand coup, histoire de tout de même pouvoir parler calmement et posément sans avoir l'impression d'imploser à chaque syllabes, ou de me noyer sous un flot continu et irrespréscible de larmes. Je savais que si l'une d'elle, la première qui s'échaperait, entrenerait immencablement les autres sans arrêt. Et c'était cela pour toute notre bande qui c'était réduite de cinq à trois... Roxanne et Nayel étaient-elle là où les mots n'existaient pas ? J'en doutais depuis cette vision dont mon coeur était hanté...

J'avais cet espoir fou qu'elles étaient vivante, espoir douloureux qui n'aboutissait pas et me torturer à petit feu. La Voix blanche de Naomi me ramena à la raison:

-Tout va bien, Lyna?

Question creuse. Si j'avais était Grace, j'aurais littéralement explosé au nez de ma pauvre amie qui elle aussi souffrait en silence. Je ne répondis pas. Qu'aurais-je répondu ? La réponse était si évidente que la question devenait inutillement rhétorique.

-Dis, ce ne serait pas Grace, là-bas? On m'a dit qu'elle avait obtenu un poste de surveillante ici, après sa transformation... Elle parait y prendre goût!

Seul un coin de mes lèvres se risqua à un semblant de piètre sourire. Pâle tentative... Pourtant je saisi cette branche. Je n'allais tout de même pas rester dans ce silence pesant...

-C'est elle. Elle va pouvoir continuer à asservir tout le monde, dominer ses anciennes amies et nous en faire voir de toute les couleurs. Oui, elle y prendre admirablement goût. Enfin, je suis quand même contente pour elle...

Un pâle sourire se risque sur les lèvres de mon amie... Pour y disparaitre aussitôt. Positivons: au moins Lyna désirait plus ou moins sortir de son cocon... Elle le prouva en se donnant la peine de répondre:

-C'est elle. Elle va pouvoir continuer à asservir tout le monde, dominer ses anciennes amies et nous en faire voir de toute les couleurs. Oui, elle y prendre admirablement goût. Enfin, je suis quand même contente pour elle...

Ça, c'était Lyna tout craché! Même si toute sa vie s'arrêtait, qu'elle était au plus bas, elle arrivait tout de même à se soucier des autres. Les autres avant elle-même, toujours. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle était dans cet état: elle avait trop négligé ses états d'âmes au profit de ses amies. Moi y compris, bien entendu, et je rougissais aujourd'hui de l'avoir laissée me consoler au lieu de la soutenir... Mais il était trop tard pour regretter, nous n'avions plus le temps. J'oubliais Grace, j'oubliais les autres, j'oubliais tout. Il ne restait plus que Lyna et moi. Je posais ma main sur l'épaule de mon amie avec un sourire réconfortant: Maintenant Lyna, c'est moi qui reprend le flambeau...

-Lyna, tu n'es pas obligée de paraitre forte et heureuse tout le temps, surtout si ce n'est pas le cas, et même devant moi. Surtout devant moi! Mais je pense que tu as enfin compris ça, et ça me fait plaisir dans un sens...

Je marquais une pause pour laisser s'imprégner mes paroles, et laisser aussi le temps à Lyna "d'accuser le coup". Je savais en effet combien il lui était difficile de parler d'elle...
Je continuais:

- Écoute, ça fait un moment que je te vois abattue comme ça, un peu comme robotisée, un peu comme un... fantôme.
J'étais aussi comme ça au début, et il faut avouer que c'était autant par tristesse que par soucis de facilité...
Mais je me suis rendue compte que ça n'arrangeait rien, que je ne me sentais même pas mieux. Et que les jours passent, puis les semaines, puis les mois, et que rien ne change. Peut être parce qu'il n'y a rien à faire, ou bien peut être parce que tous ceux qui pourraient faire quelque chose se sont... endormis.

Que j'obtienne ou non une réaction de sa part, je me savais assez proche de Lyna pour qu'elle m'écoute sans faire semblant. Et mes paroles allaient certainement rester un moment dans sa tête avant d'en sortir... Je pris une grande inspiration et sortis une dernière tirade:

- Je suis sure que Nayel ne veut pas te voir comme ça...

J'avais volontairement mis ma phrase au présent.

Ma réponse eut l'air de faire plaisir à Naomi et pourtant, je sentais son regard posé sur moi, insistant peut être ? Plein de compassion ? Je ne savais pas, je ne voulais pas savoir, je ne voulais rien, ne rien penser, ne rien avoir, ne rien être. Juste dormir peut être, pour toujours. Et pourtant dans ma tête, une petite voix lointaine me disait: Allez, bas-toi ! Lève toi, respire, reprends toi ! Tu vas y arriver, tu as déjà passé pire, souviens toi ! Souviens toi d'elle, Elena, elle aussi, comme Nayel est pourtant, tu t'es batu pour elle, tu vis pour elle en faisant ce dont elle aurait pu être fière si seulement...

Si seulement.
C'était facile tout ça, trop facile, rester coincer derrière cette porte et ne pas la franchir. Ne pas tenter, ne pas faire cette éffort pour ne plus souffrir après, rester dans cet état parce que peut être une fois reconstruite, tout s'écroulera de nouveau. A quoi bon ? Pourquoi faire ?
Pour vivre ! Me souflait cette voix, ce mélange de voix, Nyx et qui d'autre encore...
Une main se posa sur mon épaule, je sentis mon corps se raidir avant de se détendre, depuis quelques temps je ne supportais plus rien, même un simple effleurement. Pourtant cette main était chaude, rassurante, présente, je savais que je pouvais m'y raccrocher.
Je me rapellais ce passage de Twinkle Stars:

"Quand on regarde trop longtemps vers le ciel... j'ai l'impression de tomber.
-Mais si tu veux on peut se donner la main, comme ça tu ne tomberas pas, ça ira, si on se donne la main ? On pourra se retenir comme ça !"

Saku me rappelais Elena. Décidément, les souvenirs, même heureux, ne me lachaient plus !

-Lyna, tu n'es pas obligée de paraitre forte et heureuse tout le temps, surtout si ce n'est pas le cas, et même devant moi. Surtout devant moi! Mais je pense que tu as enfin compris ça, et ça me fait plaisir dans un sens...

Mes souvenirs me lachèrent, ils partirent sans demander leur reste pendant que moi je prenais un coup, douloureux mais peut être salutaire. Un coup de poing dans le ventre, un coup qui résonnait en moi. Mon amie continua.

- Écoute, ça fait un moment que je te vois abattue comme ça, un peu comme robotisée, un peu comme un... fantôme.
J'étais aussi comme ça au début, et il faut avouer que c'était autant par tristesse que par soucis de facilité...
Mais je me suis rendue compte que ça n'arrangeait rien, que je ne me sentais même pas mieux. Et que les jours passent, puis les semaines, puis les mois, et que rien ne change. Peut être parce qu'il n'y a rien à faire, ou bien peut être parce que tous ceux qui pourraient faire quelque chose se sont... endormis.

Un fantôme, c'était peut être ça après tout. Non, en effet, je ne me sens même pas mieux. Ni mieux et pourtant ni moins bien, dans cet état de douleur sourde, de coton noir. Endormis. Là où les mots n'éxistent pas... Endormis. Bientôt peut être que...

- Je suis sure que Nayel ne veut pas te voir comme ça...

Second coup, plus violent, plus d'impact. Nayel ne veut pas... Vouloir. Présent.
Nayel ne veut pas te voir comme ça. Nayel ne veut pas te voir comme ça. Nayel ne veut pas te voir comme ça. Cette phrase résonne, entre en moi, et avec elle, d'autres, encore plus pressante. Tu n'es pas obligée de paraitre forte. Surtout devant moi. Ca ira, si on se donne la main ? On pourra se retenir comme ça ! Ressentir ou Mourir. Bientôt. Ou que tu sois, quoi que tu fasses, je serais là, toujours... Mais malgré tout, tu aimes encoore ce monde !

A l'intérieur, tout se brisa, tristesse au gout amer, doute, incertitude, ressentiment, douleur, frayeur, peur, tout se brisa. Je fondis en larme, montant mes jambes sur le bord du banc et plongeant ma tête dans mes mains. Naomi avait raison, cela faisait trop longtemps que je luttais en vain, trop longtemps que je faisais semblant. J'étais une actrice vidée. Vidée mais prête à repartir. Vidée mais pas seule !

Longtemps, Lyna ne bougea pas. Elle restait là, les bras ballants, les yeux dans le vide, le visage pâle comme la mort. Et un moment j'ai eu peur d'avoir été trop dure, trop franche avec elle! Le but n'était pas non plus de la dévaloriser... Au contraire!
Puis, j'ai vu une lueur dans ses yeux. Faible, mais tout de même présente. La première depuis un bon bout de temps. Pas une lueur de joie, ni d'espoir, non. Une lueur... de vie! Une lueur de conscience! Lyna commençait à réagir, ne serait-ce que mentalement... Je la regardais, fascinée, sans oser interrompre le cours de ses pensées. Je la laissais franchir ce pas toute seule. Un petit pas, mais ô combien difficile... Cette étape marquant un passage vers l'autre. Non pas passer à autre chose, mais relever la tête et dire: Non. Juste dire Non. Non, je prendrais le dessus. Non, je ne me laisserais pas faire. Non, le Destin n'existe pas. Non, je suis le seul maitre de ma Vie. Et dans le cas présent: Non, il y a encore un espoir!
Je sus que le pas de Lyna avait été effectué quand celle-ci replia ses jambes sur elle-même, en boule, et fondis en sanglot. C'était la première fois que je la voyais pleurer. Ma main n'avait pas quittée son épaule, et je la laissais là où elle était. J'étais là. J'étais avec elle. Elle n'était pas seule. A deux, nous étions plus fortes. Et s'il le fallait, je porterais à sa place le poids qui pesait sur ses épaules...
Lyna pleura longtemps comme ça. C'était normal, il en fallait du temps pour évacuer tout ce qu'elle avait retenu en elle... Lyna avait porté sur elle comme une coquille, une carapace. Une bonne grosse carapace qui résiste à tout, à tout les chocs, à toutes les violences! A tous les coups durs aussi. Mais un jour, la carapace de Lyna s'est fissurée, et, peu à peu, l'âme de Lyna s'était fissurée à son tour. De jour en jour plus profondément... Mais maintenant la carapace venait d'exploser, et l'âme de Lyna était libre! Son âme était encore endommagée bien sur, et il faudrait du temps pour la guérir... Mais maintenant l'âme de Lyna n'avait plus besoin de carapace.

Quand Lyna releva la tête, il y eut un grand silence. Ma main n'avait toujours pas bougé. Mon amie, bien qu'encore frêle, me paraissait déjà moins à vif. Comme un baume qu'on aurait appliqué sur une plaie. Et la lueur de vie dans ses yeux avait augmentée...
Je lui sourit. Un vrai sourire sincère et non caché. Un sourire que je m'appliquais à rendre lumineux. Je la pris par les épaules et lui chuchotais:

- Et n'oublie pas: c'est par les failles que la lumière jaillit...

Je respirais un bon coup. Ça faisait bizarre... et en même temps un bien fou! Les gens tout autour, les arbres, l'air, le monde... Tout n'avait pas repris ses couleurs, mais c'était déjà mieux. Maintenant, se posais une question de la plus haute importance. On pouvait rester là, silencieuses, à regarder les feuilles tomber, à ré-apprendre à aimer la vie... Mais le temps pressait, et j'avais peur que Lyna ne replonge dans ses sombres pensées, ou sombres absences de pensées. Il valait mieux battre le fer tant qu'il était chaud. Mais je préférais tout de même y aller doucement... Je dis d'un ton rassurant:

- Le temps passe, on échange des banalités... Finalement, je ne sais pas exactement ce que tu es devenue depuis la disparition de Nayel. Tu pourrais m'en parler un peu? De toi, tes envies, tes projets, tes idées,...

Je frôlais le sujet phare, en le contournant avec soin pourtant. Je voulais qu'elle y entre d'elle-même. Quand elle le voudrait. Quand elle le pourrait...

Naomi ne bougea pas, elle resta à mes côtés. Peu importait les larmes, elle comprenait. Elle était là pour moi depuis qu'on s'était réellement parlé, depuis plusieurs moi elle était à mes côtés, avec beaucoup d'autre. Elle me regardait, me parlait et je voyais toujours une petite lueur d'admiration dans ses yeux. M'admirer pour quoi hein ?
J'étais comme n'importe quelle personne, la preuve. J'avais craqué. Ca n'était jamais arrivé, je craquais rarement et quand cela arrivait, c'était toujours lorsque j'étais seule, jamais devant les autres. Devant les autres, c'était 'Reste droite, ne flanche pas, tu dois reste droite, c'est pour les autres, si toi tu flanche à qui se raccrocheront-ils, qui pourra les aider, les soutenir. Même si toi tu souffre ce n'est pas grave, les autres sont plus important. ne sois pas égoïste...'

Je ne suis pas égoïste, moi aussi j'ai le droit de craquer, j'ai le droit de réclamer de l'aide, de me noyer, de refaire surface, de trébucher, de tomber mais surtout, je n'avais pas le droit de ne pas me relever.

Aller ! Relève-toi maintenant !

"On essaie, on échoue, on essais, on échoue, mais le seul véritable échec c'est lorsqu'on arrête d'essayer...." ~ "Tomber n'est pas une erreur, ne pas se relever est une faute..."

Je relevais la tête, Naomi était encore là, elle attendait. Elle m'attendait. Ca y est, Lyna est de retour. Promis, je vais me battre, pour toi, pour Nayel, pour tout le monde. Le silence flotta encore quelques instants, le temps de se remettre, le temps que je sorte un mouchoirs et que j'essuie les dégats de l'eau sur mon eyeliner. Le temps aussi que je reprenne mon souffle, que le hoquet de mes larmes se taisent ou du moins, s'aténuent. Noami sourit, un beau sourit, que j'essayais de lui rendre, le mieux possible. Elle me prit par les épaules, plonga son regard dans le mien et me dis:

- Et n'oublie pas: c'est par les failles que la lumière jaillit...

Elle avait raison. Je le savais. Elle respira elle aussi un bon coup et je failli rire. C'était toujours un peu comme ça entre deux personnes qui essayent de se soutenir, au bord des larmes, il y a toujours cette respiration ou ce soupirs qui surgit au même moment et un rire un peu nerveux après. Là, je n'avais pas encore la force de rire, mais ça viendrait, bientôt...

- Le temps passe, on échange des banalités... Finalement, je ne sais pas exactement ce que tu es devenue depuis la disparition de Nayel. Tu pourrais m'en parler un peu? De toi, tes envies, tes projets, tes idées,...

Des banalités ? Ah oui, Grace... je jetais un coup d'oeil, elle était là-bas, au loin se passant du rouge à lèvres, son attention sur son miroir de poche. Elle ne changeait pas. Ce que j'étais devenue ? Pas grand chose. Enfin si, puisqu'il fallait parler, autant le faire maintenant, ne pas remettre ce moment à plus tard, ne pas réouvrir la plaie alors qu'elle allait cicatriser:

- Pas grand chose j'en ai peur. Je me suis jetée à corps perdu dans le travail, je n'ai fais que bosser. J'ai étudié pas mal pour les cours mais aussi pour moi, ça me permettait de penser à autre chose, temps que j'étais occupée, ça allait... J'ai étudié quelques légendes, sur notre communauté, j'ai fait des recherches. Je veux vraiment deveir grande prêtresse mais c'est une grande responsabilité... et chaque Maison de la Nuit à la sienne, alors je ne sais pas. Mais je veux être prés de Nyx ! Enfin, voilà ça c'est pour le travail on va dire... pour le reste, c'est plus compliqué.... Pierre...

Ma voix se brisa. Merde, j'allais pas repleurer. Pas pour lui, je n'allais pas pleurer pour lui. Je tapotais le banc, ppour que Naomi s'assoit à mes côtés. Et j'attendis, j'attendis quoi ? Qu'elle me demande ce qui n'allait pas...

Lyna avait esquissé une sorte de sourire pour répondre au mien. Elle progressait! Très vite même! Elle sortit un mouchoir pour s'essuyer les yeux, quoi qu’à part son eyelineur qui avait coulé, il n'y avait pas grand chose à essuyer: elle avait pleuré très proprement, sans provoquer trop de dégâts sur son joli minois. Moi quand je pleurais, même si cela arrivait assez rarement, j'avais les paupières rouges et gonflées pendant au moins trois jours!
Lyna se remettais vite aussi: quand j'avais soupiré, elle avait failli rire! Comme quoi, parfois il suffit de soulever la sous-pape pour réduire la pression... La métaphore avec la cocotte-minute n'était pas très élégante, mais elle était vraie!
Lyna inspira un bon coup à son tour, comme pour se donner du courage, puis se lança:

- Pas grand chose j'en ai peur. Je me suis jetée à corps perdu dans le travail, je n'ai fais que bosser. J'ai étudié pas mal pour les cours mais aussi pour moi, ça me permettait de penser à autre chose, temps que j'étais occupée, ça allait... J'ai étudié quelques légendes, sur notre communauté, j'ai fait des recherches. Je veux vraiment devenir grande prêtresse mais c'est une grande responsabilité... et chaque Maison de la Nuit à la sienne, alors je ne sais pas. Mais je veux être prés de Nyx ! Enfin, voilà ça c'est pour le travail on va dire... pour le reste, c'est plus compliqué.... Pierre...

Pour le travail sur lequel elle s'était acharnée, j'avais remarqué. J'avais fait de même! Toujours être en mouvement, toujours occuper ses mains et son esprit, toujours penser à quelque chose, même des banalités, pour éviter de penser au pire! Mais il fallait bien regarder les choses en face à un moment ou un autre. Et avec un peu de courage, quelques soutiens et beaucoup de volonté, on pouvait y arriver!
Quand à l'envie qu'avait Lyna de devenir grande prêtresse, je ne me rendais compte que maintenant à quel point c'était important pour elle. Maintenant qu'elle le disait, c'était évident: toutes ses visites au temple, toutes ses soirée passées à travailler son élément, toutes ses discutions avec Loshad, toutes ses heures libres passées à la bibliothèque dans le rayon sociologie... Et elle était faites pour ça! C'était également une évidence! Je tentais de la rassurer à ce sujet:

- Tu feras une grande prêtresse hors-pair! J'en suis persuadée! Nyx t'a remarquée: tes marques le prouvent... Ta persévérance et ta volonté n'ont pas échappées à Loshad: si elle ne te pensait pas capable d'assumer une telle responsabilité, elle aurait arrêté ta formation. Elle l'a déjà fait pour d'autres!
Et puis ne t’inquiète pas pour l'avenir, il y aura toujours des postes de grande prêtresse disponibles: entre celles qui décèdent ou se font tuer, celles trop âgée ou trop irresponsables pour conserver leur place, celles qui abandonnent ou cèdent leurs postes, et toutes les nouvelles Maison de la Nuit qui se construisent... Crois-moi, tu auras l'embarras du choix! Tu devras peut-être changer de Maison de la Nuit, c'est même fort probable, mais ça fait partie de la vie...
Franchement, ne te tracasse surtout pas sur ce point!

Et... pour le reste? Bon, Nayel, ok, tout était dit, inutile de remuer le couteau dans la plaie. Pour Maé et moi, on avait vécu la même chose, pas de nouveautés, donc. Et pour Pierre... C'était un peu un sujet tabou. Ils ne se voyaient presque plus, Lyna n'en parlait presque plus, et moi je me disais que je devais me mêler de mes affaires. Mais là, aujourd'hui, maintenant, il n'y avait plus de tabou. Si Lyna devait en parler, c'était maintenant ou jamais...

- Pour Pierre, j'avais cru comprendre que... Je ne sais pas. Je préfèrerait ne pas me faire de fausses idées, alors si tu évoquais le sujet clairement? Je pense que ça ne pourrait te faire que du bien et... Lyna, qu'est ce qu'il se passe, au juste?

J'avais préféré être claire et sincère. On n'avait pas assez de temps pour les mal-entendus. Et si Lyna ne voulait pas en parler, elle ne le ferais pas. Mais je savais qu'elle le ferait...

Naomi sourit, elle aussi s'était donné dans le travail, un travail acharné parce que toute deux savions que c'était le seul moyen de laisser passer les choses. Temps que j'avais quelques choses à faire tout allait bien: préparer à manger, faire un exercicie, mes devoirs, aider quelqu'un pour les siens, passer un coup de chiffon dans ma chambre, réarranger ma bibliothèque, mettre un peu d'ordre dans ma penderie. M'occuper d'Andromède, donner un coup de main pour nettoyer les box, essayer de consoler Storm, m'occuper de Sugar. Bosser deux fois plus.... Un travail acharné qui ne faisait que remettre la vérité et la douleur à plus tard...

Une fois assise, Naomi me répondit avec entrain, elle me rassurait toujours:

- Tu feras une grande prêtresse hors-pair! J'en suis persuadée! Nyx t'a remarquée: tes marques le prouvent... Ta persévérance et ta volonté n'ont pas échappées à Loshad: si elle ne te pensait pas capable d'assumer une telle responsabilité, elle aurait arrêté ta formation. Elle l'a déjà fait pour d'autres!
Et puis ne t’inquiète pas pour l'avenir, il y aura toujours des postes de grande prêtresse disponibles: entre celles qui décèdent ou se font tuer, celles trop âgée ou trop irresponsables pour conserver leur place, celles qui abandonnent ou cèdent leurs postes, et toutes les nouvelles Maison de la Nuit qui se construisent... Crois-moi, tu auras l'embarras du choix! Tu devras peut-être changer de Maison de la Nuit, c'est même fort probable, mais ça fait partie de la vie...
Franchement, ne te tracasse surtout pas sur ce point!

Combien de fois me répèterais-je que ses Marques ne m'étaient pas pour autant salutaire. Bien sur, j'avais le même expoir et la même impression que tout le monde. Mes Marques étaient un signe de Nyx, elle m'avait remarquée, choisie. Mais pourquoi ? je l'ignorais encore mais je savais que je voulais dévouer ma vie à la Déesse, elle m'avait offert une nouvelle vie même si l'ancienne n'était pas du tout mauvaise, elle m'avait soutenu dans les pires moments et je lui avais toujours rendu son aide. La remerciant de plus bele, cette déesse qui veillait plus que n'importe qui d'autre sur ses enfants. Dans mon autre vie, je n'était pas catholique, baptisée pour la forme mais sans plus puisque ma mère connaissait déjà Nyx...

Naomi avait raison, si Loshad n'avait pas confiance en moi, si elle me jugeait peu responsable pour cette grande responsabilité, elle m'aurait déjà renvoyé. Volontaire je l'étais. Apprendre était pour moi très important, c'était une grande nouriture et chaque nouveauté m'intéréssait beaucoup. Comprendre et Apprendre. Mon amie avait encore raison en ce qui concernait les postes de grandes Prêtresses. Pourtant, je préférais ne pas espérer trop vite de peur d'être un jour déçue, alors j'espérais, suffisamment...

Il y eut un court silence, le temps à chaque d'assimiler et de peser ces mots. Le temps de regarder encore un peu la cour, un coup d'oeil sur la statue de notre bienveillante Nyx. Le temps pour Grace de trouver de nouvelles personnes à martyriser et pour nous de souffler. Ma camarade reprit:

- Pour Pierre, j'avais cru comprendre que... Je ne sais pas. Je préfèrerait ne pas me faire de fausses idées, alors si tu évoquais le sujet clairement? Je pense que ça ne pourrait te faire que du bien et... Lyna, qu'est ce qu'il se passe, au juste?

Je poussais un peu rire sarcastique. Autant lui expliquer maintenant que ça aller mieux et puis je n'allais pas rester sur cette relation platonique bien longtemps, il faudrait que je tourne la page même si cela me restait un peu en travers de la gorge.

- Pierre m'a fait comprendre que notre relation n'avait été pour lui ce qu'elle avait été pour moi. Il n'a pas été sincère avec moi, il n'a pas joué franc jeu. Il ne m'aimait pas, c'était juste de l'obligation ! Il se sentait reconnaissant envers moi, il me devait sa liberté. Juste de la reconnaissance, il a crut que celle-ci deviendrait de l'amour comme celui que je lui offrais... Il a cru quand me redonnant ce que je lui donnerais il finirait vraiment par tomber amoureux de moi...

J'étais au bord de la colère, je le détestais pour ce qu'il avait fait mais lui, je n'arrivais pas à le haïr. Seule une vraie preuve d'amour pourra le liberer de l'enchantement... La vraie preuve d'amour c'était moi qui lui avait donné, lui n'avait fait que jouer le jeu, pour ne pas me décevoir, pour ne pas me faire souffrir, pour me remercier...

Tout ça parce qu'il se sentait obligé envers moi, pour me remercier... Pff... il n'aurait pas du faire ça ! C'est plus dur maintenant que si il avait dit la vérité avant. J'aurais compris à l'époque, j'aurais accusé le sortilège trompeur de m'avoir charmé, je serais resté plus ou moins amie avec Pierre si il m'avait dit la vérité. Et je n'ai jamais rien soupçonné... Mais il y a cette Susan à Londres... C'est elle qui l'aime. Alors voilà, je me fais larguer après tout ça, après avoir bafoué les régles pour lui, mettre mise en danger pour lui, je me fais larguer parce que toute mon histoire n'était qu'un vaste mensonge, un remerciemment !

J'étais aigri mais il y avait de quoi. Il m'avait menti, trompé, bafoué mon amour, bafoué la sincérité et l'engagement qu'il avait fait. Mais surtout il m'avait menti pendant tout ce temps, il avait joué la comédie... Elle était belle la dirigeante des Filles de la Nuit et son menteur de prof d'anglais !

Lyna poussa un petit rire mais je vis bien qu'elle était tendue. Sa reconstruction passait aussi par là, par son ouverture et ma réception. Quand elle me répondit, sa voix était emplie de tristesse et de regret, mais aussi d'un profond mépris...

- Pierre m'a fait comprendre que notre relation n'avait été pour lui ce qu'elle avait été pour moi. Il n'a pas été sincère avec moi, il n'a pas joué franc jeu. Il ne m'aimait pas, c'était juste de l'obligation ! Il se sentait reconnaissant envers moi, il me devait sa liberté. Juste de la reconnaissance, il a crut que celle-ci deviendrait de l'amour comme celui que je lui offrais... Il a cru quand me redonnant ce que je lui donnerais il finirait vraiment par tomber amoureux de moi...

Lyna était au bord de la crise de colère, et je la comprenais. J'étais moi-même soufflée. Je me doutais bien qu'il s'était passé quelque chose, mais pas à ce point là. J'avais plutôt pensé à une dispute en rapport avec la mutation de Pierre, ou bien une petite histoire passagère de son côté ou du sien... Si j'avais su. Comme quoi les plus grandes blessures remontent souvent aux plaies les plus anciennes... Lyna continua, elle avait besoin de parler:

- Tout ça parce qu'il se sentait obligé envers moi, pour me remercier... Pff... il n'aurait pas du faire ça ! C'est plus dur maintenant que si il avait dit la vérité avant. J'aurais compris à l'époque, j'aurais accusé le sortilège trompeur de m'avoir charmé, je serais resté plus ou moins amie avec Pierre si il m'avait dit la vérité. Et je n'ai jamais rien soupçonné... Mais il y a cette Susan à Londres... C'est elle qui l'aime. Alors voilà, je me fais larguer après tout ça, après avoir bafoué les règles pour lui, mettre mise en danger pour lui, je me fais larguer parce que toute mon histoire n'était qu'un vaste mensonge, un remerciement !

Ah, il y avait bien une petite histoire du côté de Pierre finalement... Mais je n'en revenait toujours pas qu'il ait pu jouer le jeu aussi longtemps. Était-ce si difficile d'être honnête? Désormais, Lyna était dans un état de rage et d'exaspération tel que je ne savais trouver les mots pour l'apaiser.

- J'imagine qu'il est inutile de te dire "un de perdu, dix de retrouvés"?

Piètre tentative d'humour. Je soupirais. Pour au moins la cinquantième fois en une heure. Je décidai de dire exactement ce que je pensais, c'était mieux ainsi, et je n'avais pas à chercher...

- C'est vraiment... écœurant, ce qu'il a fait! Cela dit ça partait d'une bonne intention... Mais il n'aurait pas du profiter de toi comme ça! Parce que c'est ce qu'il a fait, n'est ce pas? Et toi qui a du te battre toute seule contre tous pour pouvoir continuer à le voir même s'il était professeur... Je comprend ta colère. Et je comprend mieux les raisons de sa mutation maintenant. Mais c'est une bonne chose qu'il parte: tu arriveras plus facilement à l'oublier!
Et puis, tu es jeune, Lyna! Dans un sens, et même dans tous les sens d'ailleurs, cette relation était malsaine... Il y a plein de garçons à la Maison de la Nuit! Et tous ne sont pas moches... Tu peux même te permettre de te la jouer à la Grace, si tu veux: tu en prends un, tu en profites, tu le jette, et tu recommences! Et... et... tu as enlevé ta bague de fiançailles?!

Ça paraissait logique dans un sens. Mais... Il faut croire que malgré toute ma bonne volonté, je n'arrivais même pas à me convaincre moi-même.

Oui, j'étais en colère, non je n'étais pas encore calmée.
J'avais envie de hurler, de crier ma colère, ma rage et aussi bizarre que ça pouvait paraître, j'avais envie de casser quelques choses, de tout balancer violemment. Aussi calme et paisible que je pouvais paraître, ma colère me m'étais dans un état extrème de violence et de rage. Naomi avait déjà pu entrevoir une partie de cet état, le jour où une bande d'humain avaient décidé de faire les malins sauf que la ma colère était différente. C'était ce genre de colère où j'avais tendance à tout balancer puis une fois que tout était éparpillé à terre, brisé, déchiré ou froissé, à pleurer comme une madeleine en gémissant...
Voilà qui était Lyna quand elle craquait...

Naomi était souflé, puis dans une pittoyable tentative dhumour elle sorti:

- J'imagine qu'il est inutile de te dire "un de perdu, dix de retrouvés"?

Oui, c'était inutile de me le dire, ma mère me l'avait déjà dit avant de raccrocher et de me laisser dans mes pensés quand je lui avais tout raconté. Naomi soupira, encore, il existait le Mur des Lamentation, la Cour des Miracles et maintenant le Banc des Soupirs. Blague stupide qui me fit pourtant sourire.

- C'est vraiment... écœurant, ce qu'il a fait! Cela dit ça partait d'une bonne intention... Mais il n'aurait pas du profiter de toi comme ça! Parce que c'est ce qu'il a fait, n'est ce pas? Et toi qui a du te battre toute seule contre tous pour pouvoir continuer à le voir même s'il était professeur... Je comprend ta colère. Et je comprend mieux les raisons de sa mutation maintenant. Mais c'est une bonne chose qu'il parte: tu arriveras plus facilement à l'oublier!
Et puis, tu es jeune, Lyna! Dans un sens, et même dans tous les sens d'ailleurs, cette relation était malsaine... Il y a plein de garçons à la Maison de la Nuit! Et tous ne sont pas moches... Tu peux même te permettre de te la jouer à la Grace, si tu veux: tu en prends un, tu en profites, tu le jette, et tu recommences! Et... et... tu as enlevé ta bague de fiançailles?!

Ecoeurant était le mot. J'étais plus que d'accord, étant la première écoeurée. Oui, qu'il parte d'ailleurs, c'est ce que je lui avais hurlé 'Va-t'en ! Casse toi et ne m'adresse plus jamais la parole ! Ose me regarder en face et il t'en coutera...' Mais yeux étaient devenus des fusils après cela... L'oublier j'y comptais bien et pas plus tard que maintenant !
Naomi me parla d'ailleurs des autres garçons du campus, c'est vrai, certains devaient être mignon mais contrairement à Pierre, je ne m'étais pas autorisé à apprécier la beauté des personnes de l'autre sexe. Jouer la Grace, c'était une idée, sauf que je n'étais Grace. Je ne me sentais pas en prendre un, en profiter et le jette. J'étais du genre romantique, une histoire d'amour unique du genre Katniss et Peeta, Ewilan et Salim, Edward et Bella même si ce n'était pas le meilleur exemple.
Je voulais du romantisme avec cette pointe d'aventure, de surprise et d'échange unique, à partager. Pas un simple 'T'es mignonne toi, on sort ensemble ?'
Quand à sa question:

-Je lui ai balancé en pleine figure, ainsi que son bracelet et j'ai découpé sa robe en petit morceau, par dépit et par colère. Dis-je avec en souriant, en fait j'étais très amusée...

Il avait tiré une de ces têtes. Bon, certes j'avais découpé en morceau ma superbe robe pour les rituels mais elle rappelait trop de choses et combien il avait su me faire croire que je comptais...

-Et si on allait boire un coca avec Nayel ? Dis-je en souriant.

C'était une idée morbide, une idée de déjantée, aller boire un coca, assis au bord d'une tombe, sous les feuilles d'un arbre en chantant du Rodrigue à tue tête. C'était un peu comme se saouler, sauf que c'était impossible pour un vampire, alors danser sous les feuilles en chantant à tue tête et en riant comme des dingues était déjà suffisemment fou. Mais j'en avais envie.
Je tendis la main à Naomi en souriant à pleine dent, tel le chat du Cheschire.

"Percute-moi, Explose-moi, Electrise-moi, Libère-moi de moi !
J'veux que tout brûle, j'veux que tout sombre, que mon cri crève la Nuit, que toutes les bourses s'effondrent.
Et J'm'en veux de faire semblant en vain, de me cacher, me coucher tout le jour, ne servir à rien.
J'ai des songes à rêver, j'ai des songes à créer, les bras dans le Vent... Je veux m'envoler..."

» Le retours de la blonde. [ TERMINE ]
» Retours du beau brun.. [Pv Kevin + libre?]