Carnet de Roxanne

J’avais surement tout pour être heureuse, des parents aimant, une petite sœur adorable. Bref, de quoi être la plus heureuse. Pour toujours. Afin, c’est ce que je croyais. On dit souvent que les malheurs n’arrivent qu’aux autres, et lorsqu’ils sont à votre porte, c’est là que vous comprenez que tout n’est pas si rose.
J’avais quinze ans lorsque je l’ai compris. Et je n’ai plus jamais été la même. C’étais un jour comme les autres, il faisait mauvais, le temps était gris. Mais ça ne nous empêchait pas, ma famille et moi, d’être heureux. Nous jouions au Millionnaire, je faisais fortune. J’étais joyeuse, je me sentais imbattable. C’était une erreur. Nous n’avions jamais prêté attention à la télé, nous préférions une bonne conversation autour du feu. C’est pourquoi, nous n’avions pas allumé la télé ce jour là. Nous aurions du.
Le vent devenait de plus en plus fort, il faisait grincer notre maison. La charpente n’était pas aussi solide que nous le pensions. Elle s’envola quand le vent redoubla d’effort. Nous sortîmes et le coup du sort s’abattit sur ma famille…
Je ne me souviens plus de grand-chose, ce que je sais, c’est que ma famille était morte et qu’alors que je hurlais à la mort en plein milieu de mon jardin, manquant à chaque seconde de m’étouffer dans mes pleurs et ma toux, une traqueuse apparue. Peau marmoréenne, cheveux charbon tombant dans le creux des reins, croissants de lune remplis et de toutes tailles…
Elle s’accroupit devant moi, posa son index sur mon front, entre mes deux yeux. Je ressentis immédiatement un picotement à l’endroit exact où elle avait posé son doigt.
« Ta mort sera ta renaissance. La Maison de la Nuit t’attend. Rends-y-toi au plus vite… »

J’ai atteint la Maison de la Nuit deux jours plus tard, à moitié mourante. Une semaine après, j’étais sur pieds et je commençais les cours. Je passais inaperçue. Timide, solitaire je restais dans mon coin. Ce qui est encore une habitude. Je ne me remettais pas de la tempête, je pleurais sans cesse. Je me refugiais dans les toilettes, dans la forêt, où encore à l’écurie…
L’écurie, c’est là que Storm m’a choisi. Je m’étais réfugié à l’intérieur car un gros orage m’avais surprise alors que je sortais de la forêt. Ma peur panique des tempêtes m’avait poussé à m’y réfugier. Je pleurais toutes les larmes de mon corps lorsque j’avais entendu un cheval ruer violemment dans l’un des box. Je m’étais alors approchée et vite compris que c‘était les éclairs et le tonnerre qui le faisaient paniquer. Je suis entrée dans le box et tentée du mieux que j’ai pu de le calmer…
Le lendemain, Loshad, le professeur d’équitation m’avait retrouvée endormi dans le box au côté du cheval. Elle m’avait alors apprit qu’il n’avait pas encore de nom et que si je désirais je pouvais lui en donner un. C’est ainsi qu’il devint Storm. Tempête…